Toros

Décembre 2015

Ses sculptures ont fait le tour du monde... Le sculpteur au regard vif façonne le métal et d’un geste précis, lui donne la vie…

  • Votre première exposition en France a lieu à Valence en 1968…

    Je rejoins la France en 1967 pour faire les Beaux-Arts. Sur les conseils de mes amis artistes, je reste autodidacte ! Je rencontre le peintre Amalvy et le journaliste Pierre Vallier à qui je dois beaucoup. La galerie André Bost, rue Faventines, accueille ma première exposition. Je participe ensuite au Salon de l’automne à Paris puis tout s’enchaîne. En 1972, ma première sculpture monumentale en France est installée à Marseille, à la mémoire des victimes du génocide arménien.

  • Avez-vous toujours voulu être sculpteur ?

    Non… j’ai commencé à travailler à l’âge de 10 ans, à Alep en Syrie, ma ville natale. Je fabriquais des djezvé (cafetières orientales) … à 25 ans, je dirige une entreprise de ferronnerie d’art qui conçoit des lits et des poêles de chauffage. Lors d’un voyage en Arménie, j’ai une révélation devant la statue équestre de Kotchar. De retour en Syrie, je commence la sculpture sur métal. Ma première oeuvre L’émancipation de la femme arabe remporte le premier prix de sculptures en 1966.

  • Le génocide arménien est un sujet récurrent dans vos œuvres.

    Je suis enfant du génocide, fils de rescapés. N’ayant pas les outils pour écrire, je raconte mon histoire avec mes mains. Mon cœur témoigne. Ma toute première œuvre, en terre glaise, s’intitule Souffrance d’une mère.

    Dans les années 80, mes sculptures évoquent les souffrances d’un peuple, les poings liés, levés vers le ciel… Je sculpte un mémorial pour Valence, Mère d’Arménie, en 1985. Après la reconnaissance du génocide par la France en 2001, plus apaisé, je crée des sculptures porteuses d’espoir comme celle installée à Saint-Martin-d’Hères, évoquant une flamme qui donne la lumière et ne s’éteint jamais.

  • Vos sculptures de métal font le tour du monde…

    En France, en Syrie, en Allemagne, à New-York, chez des collectionneurs privés… En 2015, deux œuvres ont été inaugurées en Arménie, à Stepanakert et à Erevan. La Cité du chocolat Valrhona accueille mon  Allégorie du chocolat. Dans le cadre de la commémoration du centenaire du génocide, j’ai réalisé deux œuvres : Le buste de Komitas à Sarcelles et l’Aigle d’Arménie au parc de Sceaux qui symbolise la force d’un peuple debout, le regard tourné vers l’avenir.

  • Votre devise ?

    Je ne suis pas malheureux mais pour être heureux, il faut être un enfant ou un fou. Il faut profiter du temps, aujourd'hui c'est déjà demain.

  • Vos héros dans la vie réelle ?

    Les résistants et Jean Moulin.

  • Le don de la nature que vous voudriez avoir ?

    Le don de l'écriture.

  • Si Valence était…

    …un souvenir ?

    Mes débuts en France, l'accueil des Valentinois.

     

    …un lieu ?

    A Valence, je me sens chez moi.

     

    …un mot ?

    Mes amis.