Emile Loubet, un Drômois à l’Elysée
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Président de la République de 1899 à 1906, Emile Loubet a été accueilli à plusieurs reprises à Valence.
Le 16 février 1899, le Président de la République Félix Faure décède dans son bureau de l’Elysée. Les parlementaires élisent deux jours plus tard son successeur, le Drômois Emile Loubet, alors président du Sénat. Réunis en séance extraordinaire, les élus valentinois lui adressent leurs félicitations. Ils se disent « heureux de voir placé à la tête du gouvernement de la République française le compatriote éminent, dévoué, le citoyen demeuré simple dans les plus hautes charges de l’Etat à l’appui duquel ils ne firent jamais appel en vain quand l’intérêt public était en jeu. »
Entre deux banquets…
Le 6 avril 1899, le nouveau Président fait une brève halte en gare de Valence avant de rejoindre Montélimar. La salle d’attente est transformée en salon. Les officiels l’accueillent et il remet décorations militaires et médailles « aux ouvriers de l’industrie, du commerce et de l’agriculture. »
Le « citoyen simple dans sa vie, large dans ses vues politiques », ainsi que le décrit Henry Chalamet, maire de Valence, effectuera une première visite officielle dans la préfecture drômoise le 12 octobre 1902. Il pose, à cette occasion, la première pierre du pont en pierre sur le Rhône et du futur collège -devenu lycée Loubet en 1930- entre deux banquets : l’un organisé par la Chambre de commerce, l’autre par la municipalité (les participants paient leur repas 6 francs). « Nous avons obéi à votre désir de simplicité ; mais si les fêtes sont modestes, vous ne saurez nous demander de modérer les manifestations de l’attachement respectueux que nous ressentons pour celui qui dans la grandeur du pouvoir n’oublie pas la petite patrie », déclame le maire.
« De bons citoyens »
Emile Loubet revient le 13 août 1905 pour inaugurer « les importants travaux » dont il avait présidé le lancement trois ans plus tôt. « Dans quelques instants, après avoir parcouru le jardin public (le parc Jouvet dans lequel le Président plante un « arbre de la mutualité » ndlr) dû à la libéralité d’un citoyen aussi modeste que généreux, vous franchirez le premier le pont du Rhône*, qui, en resserrant les liens qui nous unissent à nos voisins de la rive droite et en facilitant nos relations avec eux, accroitra l’activité économique d’une ville qui peut déjà se dire la métropole commerciale de l’Ardèche comme de la Drôme », présente Henry Chalamet.
Autre inauguration : celle du collège de 250 élèves « auquel on ne reprochera d’être ni un palais scolaire fastueux, ni moins encore l’antique caserne universitaire que plus d’un parmi nous a connu au temps de sa jeunesse. »
Dans sa réponse, le président Loubet invite les professeurs « à ne pas se borner à faire seulement des bacheliers ; ils doivent faire surtout des hommes, de bons Français et de bons citoyens qui honoreront le pays et serviront la République. »
*Un pont conçu par Alphonse Clerc, ingénieur en chef de la Ville.
Sources : Archives communautaires.
Le septennat d’Emile Loubet est marqué par l’affaire Dreyfus, qu’il gracie en 1906. Sous son mandat a lieu l’Exposition universelle de 1900, sont promulguées la loi de 1901 sur les associations et celle sur la séparation des églises et de l’Etat en 1905.
Portrait
Né en 1838 à Marsanne « d’une excellente famille bourgeoise » selon Charles Pierre-Géringer, Emile Loubet a étudié au collège de Crest, a fait son droit à Paris, a été avocat au barreau de Montélimar avant d’être élu maire de la ville. Successivement député, sénateur, ministre des Travaux publics, Président du Conseil et ministre de l’Intérieur… il est élu Président de la République en 1899.
« De taille moyenne, bien pris, le teint basané, la bouche indulgente, le visage rond éclairé par le pétillement du regard malicieux et franc. Les cheveux clairsemés de fils d’argent, la barbe neigeuse, l’allure agile mais calme, ne cherchant pas à être remarqué (…). D’une modestie qui est sa véritable caractéristique et qui a contribué, dans une large mesure, à lui concilier les sympathies de tous », décrit Charles Pierre-Géringer, qui approfondit sa description : « On ne saurait pousser plus loin la négation du luxe. Il vit en honnête bourgeois, sans fortune personnelle appréciable et, néanmoins, sans avoir jamais prêté au soupçon de vénalité. »
Léon Bonnat, Portrait d’Emile Loubet, 1900, huile sur toile, collections Musée de Valence.
© Musée de Valence, photo Béatrice Roussel