La doyenne des piscines valentinoises

Eté 1951 : la première piscine municipale valentinoise, Jean Bouin, ouvre ses bassins. Plus de 20 ans – et une guerre mondiale – se sont écoulés depuis le vote, par le conseil municipal du 25 juillet 1930, d’une délibération dans laquelle il est mentionné qu’une parcelle importante de terrain est réservée « en bordure du quai du Rhône, pour la création d’un bassin de natation ».

 

Trois emplacements

En avril 1934, la Ville de Valence lance un premier appel d’offres pour la construction d’un bassin d’été avec « régénération, stérilisation de l’eau et léger réchauffement aux extrémités de la saison. » Le projet mentionne la nécessité, pour une ville de 50 000 habitants (avec Bourg-lès-Valence), d’offrir une piscine au public, la plus proche étant celle de Lyon. « Il existe le Rhône, au cours rapide, dangereux et causant chaque année des noyades même parmi les bons nageurs (...).  Il est indispensable qu’une piscine se réalise à Valence pour rendre possible l’apprentissage de la natation à des milliers d’enfants. »

En mars 1937, après plusieurs programmes, le projet retenu est celui de Georges Bovet (Grand Prix de Rome en 1931) et Emile Berthelot, architectes installés à Paris. Interrompu pendant la seconde guerre mondiale, il est à nouveau sur les rails dès 1945. Pendant trois ans, la municipalité hésite entre trois emplacements : le Polygone, le parc Jouvet, et l’ancien arsenal, dans la basse-ville. Ce dernier site est officiellement retenu en mars 1948, en accord avec M. Joulie, Architecte des bâtiments de France et le Club nautique valentinois qui l’estime « davantage abrité du vent.» Cependant, dans un courrier adressé au maire le 23 avril, Georges Bovet, ayant appris tardivement qu’un canal passe sur le terrain, fait part de ses réticences et prévient que cela pourrait avoir de « graves répercussions ».

 

Dépense totale : 13 millions

Au fil des ans, plusieurs projets ont été évoqués : piscine couverte, de plein air,  ou encore piscine couverte accolée à un bassin d’été avec des aménagements communs... Le « Centre nautique populaire » (devenu piscine Jean Bouin) se compose finalement d’un bassin d’entraînement de 25 X 10 m, d’un bassin de compétition de 15 X 25 m permettant des matchs de water-polo, d’un tremplin avec fosse à plongeons, de tribunes avec gradins et de vestiaires. La réception provisoire d’une partie des équipements a lieu le 14 décembre 1950 en présence du maire, Camille Vernet. Elle accueillera les premiers nageurs l’été suivant malgré les réserves émises par Louis Escande, ingénieur régional du ministère de l’Education nationale : « Les travaux exécutés sont loin d’être satisfaisants. Il ne semble pas avoir été tenu assez largement compte des instructions et observations ministérielles. » La piscine Jean Bouin fera, pendant plus d’un demi-siècle, la joie des nageurs valentinois.

La piscine Jean Bouin a fermé en 2008 pour des raisons de sécurité. Le site accueillera la future Cité de la gastronomie.

 

1922

On retrouve la trace, dans les dossiers des Archives communautaires, d’un projet de piscine datant de 1922. L’idée était de la construire sur un terrain attenant au parc Jouvet, côté rue de la Comète.

« La surveillance de ce service pourrait être faite sans supplément de dépense par les jardiniers de la Ville », suggèrent les concepteurs de ce projet... qui n’a pas abouti.

On découvre aussi des plans réalisés par la Société d’installation et d’exploitation de services publics (SIESP) qui tente de convaincre la Ville de Valence de la nécessité d’investir dans une piscine. « Les circonstances donnent un douloureux intérêt à cette conception : les journaux relatent tous les jours des accidents mortels survenus aux imprudent qui se baignent sans savoir nager » (courrier du 4 août 1933).

Et vante les mérites d’une piscine fermée, « moderne, chauffée, à l’eau cristalline et épurée, à l’accueil courtois et au personnel empressé », ouverte de 6 h à 23 h 30, par rapport à une piscine ouverte à l’eau froide et trouble « dans laquelle un nageur peut couler sans qu’on s’en aperçoive aussitôt. »

Sources : Pays d’art et d’histoire ; Archives communautaires.