La Maison des Têtes

La Maison des Têtes, classée Monument historique le 19 mai 1944, va être rénovée. Visite guidée…

La Maison des Têtes, auparavant hôtel particulier construit pour Antoine de Dorne, consul de Valence, vers 1530, est érigée selon le plan classique d’une demeure du 16e siècle : trois corps de logis regroupés autour d’une cour carrée, à la fois espace de circulation et puits de lumière, dont les vastes proportions signalent la résidence d’un riche citadin. Un jardin est situé à l’arrière. Elle est remarquable notamment par la qualité de son décor, constitué de nombreuses têtes sculptées auxquelles elle doit son nom.

Les têtes joufflues des vents

Le visiteur est accueilli par les neuf figures en médaillon du rez-de-chaussée. Certaines portent aujourd’hui encore des inscriptions : virtus nobilitas, asclepios medicinum, moses theologos… qui renvoient aux matières enseignées à l’époque à l’université de Valence où Antoine de Dorne, docteur en droit, était enseignant.
Autres têtes, celles, joufflues, sculptées sous la passe du toit, qui représentent les vents. Trois sont identifiées grâce à leur cartouche gravé : Auster, vent du sud, incarne les tempêtes de pluie de la fin de l’été ; Favonius, vent d’ouest, les brises légères du printemps ; Subsolanus, vent de l’est, les tempêtes de l’automne. La tête joufflue venant du nord pourrait être Aquilo, représentant le vent froid de l’hiver.
Elles surplombent deux statues en demi-grandeur, encadrant les ouvertures au premier étage : la Fortune, debout sur une sphère, et le Temps, vieillard barbu déroulant son phylactère portant l’inscription Mundum egredior.

L'ombre de Bonaparte

Le décor du corridor mêle motifs gothiques et motifs renaissants : il intègre six médaillons sur les faces nord et sud, portraits d’empereurs romains. Ils voisinent avec deux autres médaillons représentant un homme coiffé d’une couronne de lauriers à l’ouest et une femme coiffée
d’une guimpe à l’est, qui pourraient être les commanditaires de l’édifice. L’une des galeries reliant les trois corps de logis principaux abrite des bustes qui rappellent quatre des Pères de l’église : saint-Augustin, saint-Grégoire le Grand, saint-Jérôme et saint-Ambroise de Milan.
Cette belle demeure est restée, pendant plusieurs générations, dans la famille d’Antoine de Dorne.
Sa petite-fille, qui en hérite, épouse Barthélémy de Marquet. Leurs descendants accueillent régulièrement un jeune voisin, en formation à Valence, le lieutenant Bonaparte. En 1798, ce dernier demandera à l’imprimeur Marc Aurel, dont la mère a acquis la Maison des Têtes en 1794, de l’accompagner dans sa campagne d’Egypte. Clin d’oeil de l’histoire : en 2018, Bonaparte réinvestira les lieux qui abriteront la collection de l’association Bonaparte à Valence. 
Source : Patrimoine-Pays d’art et d’histoire.

1960

Depuis les années 60, la Maison des Têtes a connu plusieurs restaurations importantes. La première a consisté à refaire les grandes fenêtres de la façade. Cependant, le principal problème de l’édifice est lié au matériau principal utilisé pour le construire, la molasse. Cette pierre, un grès friable très sensible à l’érosion et à la pollution, se fissure et se désagrège, retournant peu à peu à l’état de sable. Différentes techniques ont été mises en oeuvre : consolidation superficielle par imprégnation d’un produit durcisseur ; ragréage qui consiste à purger la pierre de ses parties détériorées et à les remplacer par un mélange de pierre et de mortier ; ou, dans les cas les plus critiques, substitution d’une pierre plus résistante, en l’occurrence le grès des Vosges, à la pierre de molasse. Les quatre façades de la cour intérieure ont été rénovées à la fin des années 1980. Au cours de la décennie suivante, le corridor ainsi que les parties hautes et basses de la façade sur rue, ont été restaurés. Ces travaux, tout comme ceux qui démarrent prochainement (lire p.16) sont conduits sous la direction de l’architecte en chef des Monuments historiques, par des entreprises spécialisés.