Les écoles de la 3e République

Les lois Ferry sur l’école obligent la municipalité à rénover et surtout construire des écoles. Certaines (Pergaud, Récamier…) sont encore en service.

 

À la veille des lois Ferry instituant l’école laïque, gratuite (1881) et obligatoire (1882), l’état des lieux des écoles valentinoises n’est guère glorieux. On recense en 1874 une seule école laïque pour garçons, rue de l’Université, à laquelle s’ajoute une école laïque protestante et 4 écoles de frères (800 élèves pour 12 frères instituteurs !). Les filles sont scolarisées dans 3 écoles congréganistes et les écoles communales des rues de l’Equerre et du Pont du Gât.

 Pour faire face à ses nouvelles obligations, la Ville acquiert, en 1884, la maison Morel, rue Pêcherie, transformée en école maternelle. 4 ans plus tard, l’architecte-voyer la déclare en état de péril. Les directeurs des écoles Notre-Dame, des rues François Pie, des Vieillards, Roderie… se plaignent de l’exiguïté de leur cour ou de la vétusté voire de l’insalubrité de leurs locaux. La situation, jugée préoccupante, donne la mesure de l’effort que la Ville devra consentir. D’autant plus que la modestie n’est pas de mise : les valeurs républicaines de l’école doivent s’exprimer « par une architecture expressive et proclamatrice. » L’Etat participe financièrement aux travaux.

 

Un « code de l’hygiène scolaire »

La première construction de la 3ème République est destinée aux filles. L’école du Drapeau, bâtiment austère et massif, est érigée au 44 de l’avenue Victor-Hugo. En janvier 1895, la Ville confie aux Valentinois Ernest Tracol et Eugène Poitoux, diplômés de l’école supérieure d’architecture de Paris, la construction de deux écoles : maternelle dans la basse-ville (école Jules Renard) et primaire de garçons en centre-ville (école Pergaud). Les travaux sont laborieux, retardés par les défaillances d’entreprises et  les 154 articles de la Commission d’hygiène des écoles que l’inspecteur d’académie est chargé de faire respecter. Un troisième projet, celui de l’école Berthelot (avec gymnase central), confié aux architectes Louis Ageron et Eugène Poitoux, peine également à voir le jour. Les trois écoles seront inaugurées au début du 20ème siècle.

 

Rue Jules Ferry

 Après ces 3 chantiers menés par des architectes privés, les architectes-voyers de la Ville en assureront 8 autres, jusqu’en 1938. Des réalisations moins monumentales et moins coûteuses, érigées à des emplacements « susceptibles de ne pas mettre la santé des enfants en péril », donc éloignés des débits de boisson, cimetières… La ville s’étend : des écoles sortent de terre rue Mésangère, rue de l’Isle (l’école Récamier et son magnifique vitrail, réservée aux filles), quartier de la Crozette (école mixte Albert Camus), avenue Victor-Hugo (école maternelle du Calvaire)…. Œuvres de l’architecte-voyer Louis Brunel, elles sont inaugurées avant la Première guerre mondiale.

 

Son successeur, Louis Tapernoux, dessine, en 1932, les plans du groupe scolaire Archimbaud. Son architecture sobre, aux lignes épurées, inscrit le bâtiment dans la tradition Art déco. La dernière école construite avant la seconde guerre mondiale est destinée aux enfants de la cité-jardin de Valensolles… rue Jules Ferry !

 En savoir + : La 3ème République. Valence construit ses écoles !, par Viviane Rageau. La Revue drômoise. Mars 2017. 12€

 

Anecdote

1812

Au début du 19ème siècle, le nombre des propriétés immobilières communales augmente sensiblement du fait notamment des saisies révolutionnaires. Las, les biens hérités sont souvent vétustes et/ou inadaptés à l’usage que les élus souhaitent en faire. Par ailleurs, la Ville est confrontée à des contraintes urbanistiques nouvelles, dictées par l’administration centrale (nécessité d’alignement par exemple), ce qui l’incite à recruter en 1812 son premier architecte-voyer, Sebastien Collombier … qui fut le  professeur de dessin de Bonaparte à l’école d’Auxonne. Ils seront 8 à lui succéder jusqu’en 1940.

Aux côtés d’architectes libéraux, ces architectes-voyers ont enrichi le patrimoine valentinois, bâtissant nombre d’édifices publics. C’est l’histoire d’une partie de ce patrimoine, peu mis en lumière sur la période 1800-1940, qui est retracée dans un dossier spécial de La Revue drômoise. Un numéro consacré à la commande publique et para-publique (hôtel de ville, casernes, écoles, palais consulaire…) coordonné par Julien Mathieu, responsables des Archives communales et communautaires.

 

Architectes et architecture à Valence (1800-1940). La Revue drômoise. Mars 2017. 12€.