Les Nouvelles Galeries

Pionnier des grands magasins valentinois
Le bâtiment des Nouvelles Galeries, partiellement détruit par un incendie en 1916, a été conçu par des architectes stéphanois, les Lamaizière.
Les débuts du bâtiment que les Valentinois connaissent sous le nom de
Nouvelles Galeries sont un peu flous. L’histoire commence semble-t-il avec un dénommé Antoine Martin, négociant, qui, en 1867, fonde, dans un simple baraquement, Le Bazar de la Drôme. L’année suivante, il acquiert le terrain (à l’angle du boulevard Bancel et de la rue Papin) sur lequel il fait construire son logement, composé d’un rez-de-chaussée et de trois étages. L’architecte retenu est probablement Ernest Tracol.
De la Maison universelle…
A la fin du 19e siècle, le bâtiment prend le nom de Maison universelle. L’établissement est tenu par Jean-Marius Maubé, propriétaire de deux autres succursales, en Avignon et à Carpentras. En mars 1888, le succès le pousse à s’agrandir : il signe un bail pour louer une maison 59 rue du Tunnel afin d’y déposer sa marchandise.
La réussite est telle que l’entreprise doit évoluer. En 1897, elle change de mains : Jean-Marius Maubé cède son fonds de commerce à la « Société nationale des grands bazars et des Nouvelles Galeries réunis », société créée par Nicolas Canlorbe, dit Ariste, un ancien employé du Grand bazar de Saint-Etienne qui a épousé en 1882 la fille de ses patrons.
… aux Nouvelles Galeries
Pour faire face à la concurrence naissante (notamment celle du Paris-Valence, boutique installée à l’emplacement actuel de Deval photos, avenue Victor-Hugo, qui deviendra en 1908 Les Dames de France), Les Nouvelles Galeries s’agrandissent. Léon Lamaizière, architecte historique de la Société des Nouvelles Galeries réunies est sollicité pour réaliser une extension faisant passer le magasin de 560 à plus de 1400m². Le 24 septembre 1908 les « superbes agrandissements » sont inaugurés, campagne promotionnelle à l’appui.
Le grand magasin tourne rapidement la page de l’incendie de 1916 (lire ci-dessous). Pendant que les experts tentent de se mettre d’accord sur le chiffrage des dommages du sinistre, Léon Lamaizière et son fils, Marcel, réfléchissent au projet de reconstruction. Cependant, en pleine guerre mondiale, la main-d’œuvre fait défaut. Malgré quelques tensions, le bâtiment qui trône encore aujourd’hui face à la Fontaine monumentale, ouvre ses portes le 2 octobre 1922.
D’un point de vue architectural, l’édifice entre totalement dans la lignée des immeubles des Nouvelles Galeries. L’idée force de l’architecte est que le client ne doit pas être dépaysé, quel que soit le magasin du groupe dans lequel il pénètre. Des magasins qui, pour être encore plus attractifs, doivent donner aux clients l’impression de faire leurs emplettes sur les grands boulevards parisiens…
Après un numéro consacré à la commande publique et para-publique (Architectes et architecture à Valence 1800-1940), La Revue drômoise récidive avec un numéro présentant plusieurs édifices emblématiques valentinois. L’article ci-dessus a pour source le travail réalisé par Ghislain Pons, historien, guide-conférencier à Patrimoine-Pays d’art et d’histoire.
Anecdote
21/02/1916
Le 21 février 1916, la partie ancienne du bâtiment des Nouvelles Galeries, à l’angle des boulevards et de la rue Denis-Papin, est détruite par un incendie. Neuf heures sont nécessaires pour l’éteindre.
« Le feu a pris au niveau du parquet du 3e étage. Il a atteint des bidons de résinol, un alcool inflammable issu de résines et de latex d’arbres, reçus le matin même. Lorsque débute l’incendie, à 18 h, les employés essayent de l’éteindre avec un extincteur mais ne peuvent atteindre le foyer tant les flammes sont déjà hautes », raconte Ghislain Pons dans l’article qu’il consacre à l’édifice (La Revue drômoise 566, décembre 2017). Les pompiers s’activent mais une partie d’entre eux est mobilisée par la guerre. « Il faut ainsi attendre l’arrivée d’une pompe automobile en provenance de Lyon, quatre heures après le début du sinistre, pour que les pompiers soient véritablement efficaces. »
Le troisième étage est entièrement détruit. Le deuxième l’est partiellement. Les deux premiers niveaux sont dans un état lamentable à cause de l’eau qui suinte des plafonds. Heureusement cependant, les nouveaux magasins n’ont quasiment pas été touchés.