La Maison mauresque
La Maison mauresque a été édifiée en 1860 à la demande de M. Ferlin sur un terrain proche de l’ancienne préfecture dont seul subsiste la porte, le bâtiment ayant été détruit par les bombardements en août 1944.
On ne connait pas l’architecte de la Maison mauresque, à peine plus ce M. Ferlin qui, dit-on, « fut aux colonies ». L’immeuble, dont la façade principale, d’une quarantaine de mètres, donne sur la rue Gaston Rey, contraste avec les immeubles anciens qui l’entourent. Sa réalisation coïncide avec les prémices d’un programme d’urbanisme rationaliste du quartier, impliquant l’élargissement de la rue Gaston-Rey et l’alignement de toutes les façades sur la préfecture située en fond de rue, à l’ouest. Son propriétaire, M. Ferlin, est ainsi contraint d’adapter sa maison à la forme asymétrique de la parcelle.
Le bâtiment témoigne du goût pour l’Orientalisme qui déferle en France à partir des années 1830, courant qui inspire la peinture, la littérature, la sculpture… En architecture, ce mouvement se caractérise par l’utilisation d’arcs outrepassés, d’arabesques sinueuses, d’entrelacs et de nombreux motifs géométriques.
Le décor reconstitué
La Maison mauresque a retrouvé ses couleurs (rouge, vert et bleu) grâce à la restauration de sa façade en 2019.
Si le rez-de-chaussée en pierre de traille froide, très dure, avait bien résisté au passage des ans, les niveaux supérieurs, réalisés en pierre calcaire tendre, et donc plus facile à sculpter, étaient beaucoup plus abîmés, les décors fortement érodés. L’une des particularités de ce bâtiment est qu’il n’est pas protégé de la pluie par une corniche : l’eau ruisselle sur la façade, la burinant, elle s’infiltre dans la pierre, la rendant plus sensible au gel.
La pierre, après avoir été nettoyée (et parfois débarrassée du lichen qui la colonisait), a été, là où cela était possible, reconstituée, afin de recréer le décor. Les deux gargouilles ont été renforcées par goujonnage, pour des raisons esthétiques et aussi sécuritaires. Pour protéger le haut des façades, un revêtement de plomb recouvre désormais le décor en couronne par lequel l’eau s’infiltrait. Les descentes d’eau pluviale ont été refaites.
Le plus spectaculaire cependant est la restitution de la polychromie, aux 1er et 2e niveaux. La façade a été minutieusement observée afin de déceler les traces d’ocre rouge et vert pâle qui avaient presque entièrement disparu. Les décors peints viennent rythmer et renforcer les décors de pierre. Même si, pour une question de coût, les couleurs seront moins présentes qu’elles ne l’étaient en 1860. Pour les menuiseries, c’est un bleu « mauresque », plus soutenu que le bleu d’origine, qui a été retenu.
La maison mauresque vers 1920. Médiathèques Valence Romans Agglo, L’Empreinte.
La façade restaurée