Pierre Vallier

  • Vous écrivez depuis…

… l’enfance. Sous l’Occupation, j’ai commencé à écrire des articles que nous glissions en cachette dans les boites à lettres et sous les portes. Je suis entré aux Allobroges puis au Dauphiné Libéré. Parallèlement, j’étais le correspondant local de journaux nationaux, Le Figaro et Le Monde. Je suis un journaliste à l’ancienne. J’aime tellement écrire à la main. Je n’ai jamais eu ni machine à écrire ni ordinateur.

 

  • Vous écrivez encore une chronique hebdomadaire

La chronique est mon genre préféré. Jeune journaliste, je lisais celles que des Académiciens signaient en première page du Figaro. En peu de mots, une chronique doit être expressive, dire ce que montre une photographie. Il faut y mettre de soi-même. Mes sujets sont drômois et ardéchois. Vais-je continuer ? Ma mémoire me joue des tours…

 

  •  Le journalisme, un travail à temps plein ?

Le journalisme, c’était ma vie. De jour comme de nuit. Un accident ? André Deval, Le Grand sifflet, mon complice, venait me chercher avec sa 2 CV. C’est en allant sur le terrain que l’on pouvait raconter des histoires. Comme, par exemple, celle de cette petite fille que les secours avaient aidée à retrouver son chat après une collision.

 

  • Avez-vous fait de belles rencontres ? 

Tout jeune, j’ai rencontré Pierre de Saint-Prix, petit-fils d’Émile Loubet et préfet de la Drôme à la Libération, mon ami et mon phare. Je me suis beaucoup intéressé aux artistes. J’ai suivi le sculpteur Toros, et les peintres bien-sûr : Jean-Robert, Pierre Boncompain… J’aime le poète Philippe Jaccottet, qui vit à Grignan.

Lorsque la Nationale 7 passait par Valence, des célébrités s’arrêtaient chez Pic : Jacques me téléphonait pour m’avertir lorsqu’il avait un client célèbre. Le jour de fermeture, il nous invitait dans sa salle à manger et nous concoctait des repas extraordinaires. J’y retrouvais parfois Raymond Peynet, qui à chacune de ses visites, se rendait au kiosque…

 

  • Valence et Pierre Vallier : mariage d’amour ou de raison ?

D’amour…J’en suis devenu amoureux dès l’enfance lorsque, collégien interne, je m’y promenais avec mes camarades, en rangs par deux. On m’a proposé des postes à Paris. J’ai refusé. Je suis d’ici. De Drôme et d’Ardèche.

 

  • Vous y avez noué des amitiés fortes

Le gens que j’ai aimés me restent fidèles, longtemps après. Nous nous écrivons, nous téléphonons aussi. Ils sont rassemblés dans un petit carnet, bien usé. L’amitié est essentielle. Comme l’amour.

 

  • Dites-nous tout !

 

  • Ce que vous appréciez le plus chez vos amis ?

La franchise

 

  • Votre occupation préférée ?

Écrire et lire. Je ne peux pas me passer des journaux. Éloge du repos, de Paul Morand (éd. Arléa), n’est pas mon livre de chevet… mais presque !

Rêver aussi…

 

  • Votre vertu préférée ?

La générosité.

 

  • Si Valence était…

 … un souvenir : La Libération avec cette euphorie qui s’était emparée de la ville…

 …un lieu : J’aime me promener dans les ruelles de la vieille ville et surtout le long des canaux, où la poésie et le silence coulent de source.

 …un mot : Départ. Cette ville a quelque chose d’universel. De Valence, on se laisse emporter vers d’autres rivages…

 

Nonchalances. Par les sentiers de chez nous, réunit 70 chroniques de Pierre Vallier. L’ouvrage, illustré de superbes photographies, a été édité par Mémoire de la Drôme.