Poulenard Joseph
Février 2016
Joseph Poulenard, responsable du Samu social
Bénévole à la Croix-Rouge depuis plus de 50 ans, il coordonne les « maraudes » qui partent, chaque soir d’hiver, à la rencontre des SDF
Comment concevez-vous votre rôle en tant que responsable du Samu social ?
Chaque soir, du 2 novembre au 31 mars, de 20 h à minuit, nous assurons « les maraudes ». Nous sillonnons les rues de la ville à la rencontre des personnes sans abri pour maintenir un lien social et quand elles le souhaitent, les orienter vers une solution d’hébergement ou de soins. Nous distribuons des sandwichs et des boissons chaudes mais cette aide n'est qu'un prétexte pour ouvrir le dialogue. On essaie de partager un temps d’échanges, de leur apporter un rayon de soleil.
D’avril à octobre, nous avons mis en place les pauses-café, deux après-midi par semaine, afin de garder le lien avec les bénéficiaires, qui viennent se détendre, jouer aux boules…D’où vient cette volonté d’aider les autres ?
J’ai commencé à faire du secourisme à l’âge de 16 ans au sein de la Croix-Rouge, aux côtés des pompiers. J’étais notamment mobilisé sur les grands évènements sportifs tels que le Grand prix de Monaco où je me suis rendu 16 fois. Le prince Albert m’a même décerné une médaille ! Puis, j’ai décidé de lever le pied. J’ai alors pris la responsabilité du Samu social. Une fois qu’on est dedans, on ne peut plus lâcher. Les personnes dans la rue nous attendent les bras ouverts. On est leur famille. Certains avaient une bonne situation. Une vie est vite démolie… Quand l’un d’eux sort de la rue, trouve un emploi, un appartement, c’est une grande satisfaction.
Comment fonctionne la vestiboutique que vous avez ouverte en août 2014 ?
La vestiboutique collecte des vêtements pour les redistribuer aux personnes en difficulté. Principalement des vêtements neufs donnés par des grandes surfaces après les soldes mais aussi d’occasion, provenant de dons de particuliers (lavés et repassés). Nous trions également les textiles issus des containers : les plus chauds sont donnés aux SDF, ceux en bon état vendus en brocante et les "vilains" sont recyclés. La boutique est ouverte le mercredi de 9 h à 16 h.
Et le « panier étudiant » que vous avez lancé en décembre dernier ?
Nous avons constaté que des étudiants venaient chercher des sandwichs lors de nos maraudes. Nous avons donc décidé de mettre en place une distribution de paniers repas, le jeudi de 16 h à 20 h, au pavillon de Latour-Maubourg, sur rendez-vous et sous certaines conditions. Le panier est composé de 2 kg de fruits, 2 kg de légumes, de produits laitiers, de farine, de sucre… au tarif de 5 euros. Là encore, nous privilégions l’échange et l’accompagnement des jeunes.
Avez-vous encore d'autres projets ?
Je souhaite étendre le concept de panier aux retraités en situation de précarité. Et j'aimerais, à terme, que des personnes motivées prennent la relève !