3 questions à... Auréliane

Le court-métrage 1313 a été tourné début décembre au Château de Crussol et à la Maison Dupré de la Tour, propriété municipale et patrimoine remarquable de la ville de Valence classé monument historique. Un mélange d'histoire et de fantastique symbolisé par son mystérieux titre : 1313. Le film et sa réalisatrice, Auréliane, qui est née à Valence où ses parents résident toujours, poursuit désormais sa route au Nikon Film Festival où 1313 est sélectionné. Vous pouvez visionner le film et voter pour lui dans le cadre du festival s'il vous a plu.
Bonjour Auréliane. Que représente pour vous une sélection au Nikon Film festival ?
Participer au Nikon Film Festival était un objectif pour moi. Si 1313 est sélectionné, ce serait une très belle opportunité pour que mon travail, celui des comédiens et de l’équipe technique, soient reconnus par des personnes du milieu du cinéma.
Cette année il y a 2229 films en ligne, la compétition est importante. Je suis avant tout heureuse d’avoir mené ce projet jusqu’au bout et de pouvoir le présenter. Être sélectionné serait une étape de plus. J’ai conscience que faire partie des 50 finalistes ne sera pas évident, mais qui sait ? Les scènes sont tournées à la Maison Dupré-Latour, propriété de la Ville de Valence, et au Château de Crussol. Les lieux ont-ils un sens, au-delà de vos attaches familiales et de votre enfance passée à Valence ?
Depuis que j’ai écrit le scénario, j’ai eu envie de revenir dans la région pour ce court-métrage. En réfléchissant où nous pourrions tourner la scène du marché, le Château de Crussol a été comme une évidence. Il existait déjà au 14e siècle. Je ne me voyais pas aller autre part. D’ailleurs, on a eu très peur la veille du tournage de cette séquence : la météo annonçait une forte pluie, ce qui aurait pu tout compromettre. Heureusement, nous avons maintenu la scène à cet endroit, et le résultat en vaut la peine : la pluie apporte ce petit quelque chose en plus.
Pour les scènes en intérieur, la maison Dupré-Latour correspondait vraiment à ce que j’imaginais. Une grande salle pour recréer une taverne et une plus petite pour en faire une arrière-boutique. On a eu la chance de pouvoir faire vivre notre histoire dans un lieu qui a plus de 500 ans, ce qui était important pour moi. En emmenant les personnages dans ces deux endroits historiques, cela apporte une touche de réalisme. On ancre notre histoire fictive dans la réalité. Et c’est pour ça que la maison Dupré-Latour et le Château de Crussol ont vraiment un sens à mes yeux.
1313 est un titre mystérieux. Il n’évoque pas seulement une année du Moyen Âge, n’est-ce pas ?
En effet. J’ai choisi ce titre parce que l’histoire se passe en 1313 mais également parce que le thème du Nikon Film Festival cette année est le nombre 13. Il se trouve que le 14e siècle peut être vu comme le « siècle des malheurs ». Ça a commencé par la Grande Famine de 1315 à 1317 puis l’épidémie de la Peste Noire et le début de la Guerre de Cent Ans. En réalité, il y a eu des signes précurseurs à cette famine. Dès le début du siècle, un dérèglement climatique est perceptible : les hivers sont plus froids, les étés plus humides, des périodes de
sécheresse alternant avec des pluies abondantes. Les récoltes sont de moins en moins bonnes. C’est à ce moment que prend place notre film.
Grisandole a des intuitions et est observatrice, elle se rend compte des menaces qui guettent leur siècle. C’est pour ça que j’ai choisi cette époque et ce moment par rapport au double lien qu’il y a avec le nombre 13 : le malheur qui plane autour de la population à cette période et le nombre 1313, littéralement. Appeler le film 1313 était pour moi la continuité de ce raisonnement. Ce qui m’a également intéressée avec ce sujet, c’est le parallèle entre les catastrophes que le personnage principal perçoit et celles que certains lanceurs d’alerte de notre époque signalent. Grisandole est définitivement inspirée de Greta Thunberg. Au fond, l’histoire se répète. Nous n’entendons pas - ou ne voulons pas entendre - ceux qui nous alertent. Ce qui s’est passé au 14e siècle peut faire étrangement écho avec ce qui nous arrive au 21e siècle : le climat, les pénuries alimentaires, les incendies, la pandémie, la guerre, …